Dynamiques sur le plan collectif, et en général davantage rémunératrices qu’une filière conventionnelle, les filières fromagères sous AOP et IGP ne diffèrent pourtant pas, ou peu, de la dynamique nationale alarmante en termes de renouvellement des actifs. Se pose alors la question des leviers à actionner : Quelles attentes de la part des futurs installés ? Les projets AOP et IGP répondent-ils aux attentes de la société et des jeunes générations en particulier ? Au-delà de motifs d‘installation, il y a aussi lieu de s’interroger sur les moyens mis en place, ou à créer, pour réussir l’installation. Ainsi, du projet porté aux collectifs qu’elle génère, l’appellation est-elle vectrice de renouvellement des actifs ?
Aujourd’hui, les Organismes de Défense de Gestion des produits sous Indication Géographique s’activent pour trouver l’exploitant agricole, l’ouvrier, le fromager de demain. Toutefois, en élevage, les approches développées sur le renouvellement n’investissent pas ou peu l’approche par l’ensemble d’une chaîne de valeur d’un produit, de la ferme à l’assiette et au-delà à l’échelle des territoires. Aborder la question du renouvellement à l’échelle d’une IG, en englobant ses différents métiers, est une démarche originale sur le plan méthodologique, et fournira des éléments concrets aux ODG et tout autre organisme aux prises directes avec cet enjeu.

En AURA, une exploitation sur cinq est engagée dans une AOP. La Région compte notamment 20 filières fromagères AOP et IGP dans son territoire, notamment ses zones de montagne. 14 des filières AOP et IGP d’AURA sont concernées par ce projet, complétés par trois autres filières AOP fromagères du Massif central. L’ensemble de ces filières présente une diversité de situations : sur l’espèce laitière (vache/chèvre), les tonnages de lait transformés et fromages commercialisés, les ressources herbagères et leur gestion, ou encore les territoires (relief, démographie, économie, équipements, etc.) et leur attractivité. Cependant, elles ont en commun de vouloir assurer la pérennité de la production de fromages de qualité, ancrée dans les territoires de montagne et respectant un cahier des charges exigeant, voire contraignant pour s’adapter et se maintenir.
Malgré leurs atouts, elles font toutes plusieurs constats concernant l’emploi et le travail :
▪Le manque ou la fragilité des candidatures pour répondre aux besoins des exploitations agricoles et des entreprises de transformation fromagère.
▪L’affaiblissement de l’attractivité et du recrutement pour des formations d’entrée dans ces filières, notamment celles relatives à la transformation fromagère dans les ENILVs.
▪Le besoin d’anticiper les nombreux et prochains départs à la retraite et la baisse des transmissions familiales afin d’assurer le renouvellement des actifs et la transmission des savoir-faire liés aux produits.

L’objectif du projet:

Dégager les atouts des AOP-IGP à mettre en avant et à mieux saisir pour favoriser le renouvellement des actifs dans les territoires concernés.
Les questions centrales du projet sont les suivantes :
Dans un contexte de fort renouvellement des actifs et des métiers amont des filières fromagères AOP-IGP d’AURA, quelle est l’adéquation (freins/atouts/leviers) du cadre – de production, d’organisation, de différenciation – proposé par les AOP et IGP avec les aspirations des potentiels ou nouveaux candidats ?
Comment rendre plus attractifs dans la durée les métiers, en tenant compte de leurs conditions objectives d’exercice pour assurer le renouvellement au sein de ces filières ?

Le projet se donne donc cinq sous-objectifs :
▪ Mutualiser les connaissances sur les cadres/conditions/spécificités proposés par les filières fromagères AOP-IGP des territoires d’étude pour le renouvellement des professionnels de la filière. La définition du cadre est ici les conditions de travail spécifiques en production laitière et en transformation fromagère en territoires de montagne.
▪ Mieux comprendre les nouvelles attentes des candidats et non candidats (familiaux et non familiaux) par rapport à l’emploi, et plus spécifiquement leurs niveaux de connaissance et de représentations des métiers AOP-IGP.
▪ Analyser les formats et parcours d’installation en filières AOP-IGP.
▪ Faire le bilan des éléments d’attractivité des métiers de l’amont et de l’aval au regard des cadres proposés par les filières AOP-IGP, en lien avec : la représentation ; les conditions de travail, l’environnement et le cadre de vie possibles ; l’accès et les conditions d’exercice de ces métiers.
▪ Favoriser l’adéquation entre les cadres proposés par les filières et les attentes des nouveaux candidats au travers de différents leviers tels que la facilitation de l’accès aux métiers et l’amélioration des conditions d’exercice – notamment via la formation.

Les résultats attendus:

Il s’agit d’une étude exploratoire et compréhensive, multi-niveaux (production/transformation, avant/après installation, mono/multi-filières) visant les résultats suivants :
▪ Analyse des cadres AOP-IGP des territoires étudiés.
▪ Caractérisation et comparaison des dynamiques de l’emploi dans les filières fromagères AOP-IGP des territoires d’étude.
▪ Recensement et analyse des retours d’expériences mises en oeuvre par les filières pour le renouvellement des générations, dans les territoires étudiés et repérage d’initiatives inspirantes sur d’autres territoires.
▪ Analyse des attentes des candidats et non candidats, de leur niveau de connaissance et des représentations qu’ils se font des métiers des filières fromagères AOP-IGP des territoires étudiés. Capitalisation sous la forme de recueils de bonnes pratiques selon les différents publics cibles (ODG, agriculteurs, entreprises, centres de formation).
▪ Plan d’action et d’accompagnement des filières volontaires.
▪ Comprendre en quoi l’appellation renouvelle, poursuit ou infléchit les travaux sur le renouvellement des générations.